ne légion de gardiens veille sur les temples et palais khmers.
Gravés ou sculptés dans la pierre, ils occupent les allées et terrasses cruciformes, encadrent les escaliers et les portes, se tiennent aux angles des édifices ou en surveillent les accès.
Les sujets représentés sont aisément identifiables car ils se retrouvent dans la plupart des constructions khmères. Lions assis, serpents Nâgas en position d’attaque, éléphants, Dvarapalas (sentinelles des portes), kalas (figures mythologiques) sont parmi les constantes de l’imagerie gravée dans la pierre des temples khmers.
Tout ce petit monde a pour fonction de protéger les lieux contre les esprits du mal et les démons.
Chacun a son rôle à tenir dans la conception de l’édifice. Chaque représentation répond à des critères précis, véhicule une symbolique qui lui est propre et occupe une position particulière dans l’ouvrage.
Les serpents nâgas
On les trouve principalement sur les terrasses cruciformes et le long des allées qui mènent au temple. Leurs corps forment les balustrades de protection qui courent tout le long de l’allée.
Les têtes redressées en position d’attaque, ils gardent les chemins qui mènent au temple contre tout esprit maléfique.
Dans l’iconographie khmère, le nâga mâle a un nombre impair de têtes.
Intercesseur entre ce monde et l’au-delà, le nâga est associé à l’arc-en-ciel qui relie le ciel à la terre. Les chaussées à balustrades en forme de nâga symboliseraient cet arc-en-ciel.
Ci-contre
1a)Rampe Nâga au temple du Prehviar
1b)Rampe Nâga sur l’allée qui mène au temple de Beng Melea (probablement la mieux conservée)
Les Dvarapalas
Disposés à l’extérieur des murs, parfois dans des niches, les Dvarapalas sont chargés de la protection de lieux sacrés.
Ils apparaissent fréquemment sur les murs des sanctuaires du Xe siècle.
Ce ne serait que sous le règne de Jayavarman VII (fin XIIe, début XIIIe siècle) qu’on les trouve par paires à l’entrée des temples, l’un présentant un regard bienveillant (2b) tandis que le second (2a) se montre moins commode.
Armés d’une massue (2a) ou d’un trident (2b) ils prennent place de part et d’autre de l’encadrement d’une porte de temple bouddhiste ou hindouiste.
Les lions khmers
Les lions montent la garde devant les escaliers situés aux quatre points cardinaux des temples-montagnes.
Ils défendent le sanctuaire principal contre les esprits démoniaques.
A partir du XIIe siècle, ils furent déployés sur les terrasses du temple. Des représentations anthropomorphes du lion peuvent être observées dans certains temples (voir ci-dessous photo 3e temple du Banteay Srei). Les lions apparaissent parfois émergeant de la gueule d’un « makara » aux extrémités de linteaux ou de frontons (3d).
3a) Le sanctuaire de Preah Ko | 3b) Le Mébon oriental | 3e)Le Pre Rup | 3d) et 3e) Le temple du Banteay Srei
Les Kalas
On les trouve habituellement sur les linteaux de portes et principalement dans l’axe d’entrée. Leurs grands yeux ronds surveillent les visiteurs. Leur mâchoire supérieure laisse entrevoir une rangée de dents acérées. Eux aussi protègent l’accès au temple et engagent le visiteur à s’interroger sur ses intentions avant de pénétrer dans le sanctuaire.
Le terme « kala » signifie « destin » en sanskrit. Ce gardien est perçu comme le destin.
Les éléphants
Dernier gardien, mais non des moindres, l’éléphant. Etant plus fragiles, la trompe et la queue des pachydermes de pierre sont souvent manquantes. On retrouve leurs représentations dans les temples des IXe et Xe siècles. Ils sont postés sur chaque terrasse, aux quatre coins du temple pyramide et gardent ainsi les directions Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est et Sud-Ouest.
La terrasse des éléphants (4f) longue de plus de 300 mètres et d’une hauteur moyenne de 4 mètres, fut sans doute une terrasse d’apparat. Certains commentaires évoquent l’hypothèse d’un lieu de crémation pour les souverains.
4a) 4b) et 4d) Mebon oriental
4c) Prasat Damrei à Koh Ker
4e) Bakong à Rolûos
4f) La terrasse des éléphants