La tombe de Séthi Ier

Giovanni Belzoni

Pour en savoir plus sur ce personnage haut en couleur, consultez nos pages sur le Ramesseum.
Découverte de la tombe de Séthi Ier

« Le 16, je repris les fouilles dans la vallée de Biban-el-Molouk, et j’eus cette fois le bonheur de faire une découverte qui me récompensa amplement de toutes mes peines. Je puis appeler le jour de cette découverte un des plus fortunés de ma vie; et ceux qui savent, par expérience, ce que c’est de réussir dans une entreprise longue et pénible au-delà de son attente, peuvent seuls se figurer la joie dont je fus saisis en pénétrant le premier de tous les hommes vivant actuellement sur le globe, dans un des plus beaux et des plus vastes monuments de l’antique Egypte; dans un monument qui avait été perdu pour le monde, et qui s’est trouvé si bien conservé que l’on aurait dit qu’on venait de le finir un peu avant notre entrée. »
Extrait de Voyages en Egypte et en Nubie de Giovanni Belzoni – Editions Pygmalion
L

e 18, de bon matin, le travail fut repris et vers midi, les ouvriers atteignirent une entrée qui se trouvait à dix-huit pieds (5,49 m) au-dessous du niveau du sol. A en juger par les apparences, la tombe que nous allions découvrir était de la plus grande espèce.
Belzoni découvre la tombe de Séthi I
Quelque 200 ans plus tard

Lundi 13 mars 2017

Comme nous l’avions déjà mentionné dans notre introduction, le Ministère égyptien du tourisme et des Antiquités a autorisé la réouverture, en novembre 2016, de la tombe de Séthi Ier. Cette hypogée de la Vallée des Rois est restée fermée au public depuis 1992, soit environ 25 ans, pour des raisons de conservation et de consolidation; certaines structures menaçant de s’effondrer.

C’est donc pour nous une aubaine de pouvoir enfin admirer de visu cette tombe à laquelle s’attache tant de superlatifs: la plus grande, la plus belle, …
On peut d’ailleurs étendre le superlatif au prix du ticket: 1000 livres égyptiennes (50€) par personne.
Que ne ferait-on pas pour financer le tourisme égyptien qui est en perte de vitesse pour l’instant?
Avant de pénétrer dans la tombe KV 17 (King Valley 17) nous nous arrêtons quelques secondes pour prendre pleinement conscience de ce moment mémorable. Puis, nous quittons la lumière éblouissante de l’extérieur pour suivre une rampe qui plonge vers un premier couloir.

Hiéroglyphes de la tombe de Séthi 1er

Ci-dessus: fragments de mur de la tombe de Séthi 1er
actuellement dans les collections du British Museum de Londres.

Je me surprends à progresser presque religieusement dans ce décor qui est figé dans la roche depuis environ 3300 ans. Des colonnes d’hiéroglyphes s’alignent sur les parois latérales. Elles reprennent le texte des litanies de Rê. Ce texte qui décrit les divers aspects du soleil créateur se retrouve souvent à l’entrée des tombes.

Suivant du regard les bandes verticales, mes yeux scannent chaque signe. Le graphisme est superbe. Chaque sympbole est dessiné, gravé en bas-relief et peint.

Le plafond est peint en bleu nuit. Une enfilade de vautours aux ailes déployées s’étirent sur toute la largeur du couloir. Ce sont des représentations de la déesse Nekhbet qui a en charge la garde de l’entrée du tombeau.

Nekhbet

Dans le second tronçon, la décoration n’est pas aboutie. Il y a des portions de mur vierges. Des scènes inachevées conservent encore le trait rouge des esquisses, tandis qu’à d’autres endroits on distingue le trait à l’encre noire du maître dessinateur. Ailleurs encore, la gravure a été commencée. Toutes les étapes du travail s’étalent sous nos yeux. Les contours d’un Anubis entourés d’hiéroglyphes sont du plus bel effet. C’est même incroyable que ce travail préparatoire ait survécu au temps.

Tombe de Séthi 1er

Doctor! Doctor!

Une voix me tire de ma contemplation. C’est l’un des gardiens qui m’interpelle. Ils sont deux à surveiller les 137 mètres de tombe de Séthi 1er, avec ses 7 couloirs et ses 10 chambres.
Doctor? Doctor? répète-t-il. Mais cette fois je comprends mieux. Mon insistance à observer les hiéroglyphes lui laisse à penser que je suis « docteur en archéologie ». Flatté, je lui réponds que non.
Plus tard, je découvrirai qu’il s’adressait de la même manière à tous les visiteurs, pour se rendre sympathique et obtenir un « bakchich » à la sortie.

Son collègue, quant à lui, est aussi affable que la divinité égyptienne « Ammout ». Il tapote le cadran de sa montre pour me signifier de me dépêcher.


Dans un mouvement répétitif, je fais glisser le pouce sur l’index pour lui signaler que j’ai payé cher pour pénétrer dans cette sépulture et que je n’ai pas l’intention de la visiter au pas de course. Le montant exorbitant demandé décourage bon nombre de touristes.

Au cours de notre descente, nous nous faisons dépasser par une vieille dame accompagnée par sa petite-fille. La grand-mère se déplace avec difficulté en prenant appui sur une canne. Malgré son handicap, elle a fait le voyage tout spécialement depuis Mumbai, dès qu’elle a su que le service des Antiquités égyptiennes ouvrait la tombe de Séthi 1er au public. Passionnée d’égyptologie, elle ne pouvait manquer ce rendez-vous.

mante religieuse hiéroglyphe

Un hiéroglyphe unique

Tout en poursuivant notre exploration de l’hypogée, nous faisons une autre rencontre: un duo de jeunes archéologues. Je suis toujours fasciné par la précision des informations que peuvent distiller les personnes qui consacrent ainsi leur existence à l’étude d’une discipline.
En quelques mots, ils nous font partager leur passion, leur regard et leurs observations. Ils mettent en lumière certains éléments que nous avions complètement occultés. Romain nous désigne un hiéroglyphe unique. Il en ignore le sens, car à sa connaissance ce signe n’a jamais été répertorié. Il représente une mante religieuse.

Sa collègue, quant à elle, nous montre les dégâts occasionnés par les pilleurs de tombe. Certaines parties de mur ont été détourées au burin afin de prélever ici, un bas-relief intéressant, là, une peinture qui pourra se vendre à bon prix à un collectionneur.

Tombeau Sethi 1
Chambre funéraire de l'hypogée de Sethi Ier
14 Chambre funéraire
Visite de la Tombe de Sethi 1er
Belzoni

Sources: Extrait de Voyages en Egypte et en Nubie de Giovanni Belzoni – Editions Pygmalion
En savoir plus …

2 Responses to La tombe de Sethi 1er

  • francis antoine

    comment les egyptiens ce sont-ils éclairé pour faire ce tombeau aussi long et profond?? il n’ya aucune trace de fumée ils ont pourtant dû y passer des mois pour creuser et dessiner ?? ce seraient ils servi de piles de bagdad comme elle est représentée sur un hiéroglyphe ??

    • Véro et Eddy

      Pour être honnête, nous n’avons pas de réponse valable à cette question. Dans une autre tombe, un gardien nous a proposé d’aller éteindre l’éclairage, afin de nous permettre d’expérimenter l’ambiance. C’est alors qu’on se rend compte qu’il n’y a pas le moindre faisceau de lumière. Je ne crois pas trop à la théorie déduite du relief de Denderah.
      Véro

Laissez un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *