Carte réalisée d’après le relevé réalisé par Nicolas Monteix – Docteur en archéologie – Portail Persée « CLIC«
Mélanges de l’Ecole française de Rome – Année 2009 – Pompéi, Pistrina: recherches sur les boulangeries de l’Italie préromaine.
Cette fresque en provenance du site de Pompéi et aujourd’hui exposée au Musée Archéologique de Naples, porte comme légende:
« Portrait du boulanger Terentius Neo et son épouse prenant la pose « d’érudits », ce qui contraste avec la rudesse de leurs traits et la gêne qu’expriment leurs regards. »
Le couple semble appartenir à la petite bourgeoisie de Pompéi. Sur la fresque l’homme est vêtu de la toge blanche qui lui confère le statut de citoyen. Il tient dans sa main un volumen (papyrus enroulé autour de deux barres de bois).
Son épouse quant à elle, est représentée avec le stylet et la tablette de cire, ce qui laisse à penser qu’elle est instruite. C’est sans doute Madame qui gère les comptes de la boulangerie.
A vrai dire, les accessoires déterminent l’image que veut donner le couple. Celle d’érudits occupant une situation bien assise dans la cité.
Ce qui est surprenant pour l’époque, c’est la position de la femme dans cette composition. Elle est représentée à l’avant-plan. Homme et femme se trouvent sur un pied d’égalité. Le couple s’affiche ici comme des partenaires dans la vie comme dans les affaires.
Mais cette fresque d’un artiste anonyme dégage aussi un malaise. Un peu comme si les deux personnages tenaient des rôles qu’ils ne maîtrisaient pas vraiment. Aujourd’hui, nous dirions qu’ils semblent « à côté de leurs pompes »! Peut-être de nouveaux riches?
Mais cette fresque d’un artiste anonyme dégage aussi un malaise. Un peu comme si les deux personnages tenaient des rôles qu’ils ne maîtrisaient pas vraiment. Aujourd’hui, nous dirions qu’ils semblent « à côté de leurs pompes »! Peut-être de nouveaux riches?
Qu’en sait-on au juste?
En 1868, les fouilles effectuées dans la via Stabiana, à la hauteur du numéro 6 de lîlot 2 du Quartier VII (voir plan) amenèrent les archéologues à dégager une maison comprenant un Atrium, des pièces d’habitation et un péristyle occupé par un atelier de boulangerie (pistrinum) entouré de dortoirs pour les ouvriers et d’écuries pour les ânes (ou mules).
L’habitation s’étendait sur une surface au sol de 151 m².
Les 5 numéros jouxtant cette demeure étaient occupés par de petites échoppes indépendantes.
C’est dans l’Atrium de la maison située au numéro 6 que l’on trouva la fresque ci-dessus.
Elle fut détachée du mur et transportée au Musée Archéologique de Naples où elle figure aujourd’hui parmi les plus belles pièces du patrimoine national.
Elle fut détachée du mur et transportée au Musée Archéologique de Naples où elle figure aujourd’hui parmi les plus belles pièces du patrimoine national.
En ce qui concerne l’identification des personnes représentées sur la fresque, des interprétations diverses se firent jour.
Pour M.Della Corte, Inspecteur principal des fouilles de Pompéi, les théories concernant l’identification de ce couple sont entrées dans le domaine de la légende. Pour des raisons obscures, certaines de ces théories ont trouvé un écho favorable auprès du public et ont grandi en popularité.
Les inscriptions de propagande électorale qui couvraient la façade de la maison ont tout de suite orienté les premières pistes vers le patricien Paquius Proculus.
Certains ont alors imaginé que l’humble boulanger s’était élevé au niveau de magistrat de la ville (duumvir).
Mais plus tard, un graffiti fut trouvé à l’intérieur de la demeure. Celui-ci mentionnait le nom de Terentius Neo.
Certains ont alors imaginé que l’humble boulanger s’était élevé au niveau de magistrat de la ville (duumvir).
Mais plus tard, un graffiti fut trouvé à l’intérieur de la demeure. Celui-ci mentionnait le nom de Terentius Neo.
Cette découverte donna naissance à de nouvelles hypothèses. Terentius Neo était-il l’exploitant de la boulangerie et Paquius Proculus le propriétaire? Dans ce cas Terentius Neo aurait pu être un esclave affranchi. Ce qui statistiquement n’est pas impossible puisque l’on estime qu’à Pompéi, 1 habitant sur 2 était un esclave affranchi. Mais on peut aussi tout simplement considérer que Terentius Neo était bel et bien le propriétaire de la boulangerie et qu’il soutenait la candidature de Paquius Proculus à la fonction de « duumvir ». Mais les choses se corsent (comme dirait Tino Rossi) lorsque certaines interprétations font état d’un frère du nom de Terentius Proculus qui aurait gérer la boulangerie de l’autre côté de la rue Stabiana. Personnellement je me sens tout à fait incompétent pour trancher ce noeud gordien. Et dans l’attente d’un avis éclairé je m’aligne sur la dénomination attribuée par le Musée de Naples: « Terentius Neo et son épouse ».
rrivés à hauteur des Thermes de Stabies, nous quittons la rue de l’Abondance et nous empruntons la via Stabiana (voir plan). La via Stabiana sépare les Quartiers VII et IX. Les bâtiments situés à notre droite sont répertoriés sur le plan du Quartier IX, tandis que ceux qui se trouvent de l’autre côté de la rue sont repris sur le plan du quartier VII.
Nous avisons les vestiges d’une première pistrina (boulangerie) au numéro 3 [de l’îlot 1 – Quartier IX]. Un comptoir en forme de L recouvert d’un « opus incertum » (revêtement de carreaux de marbre cassés) permettait de servir les clients qui venaient acheter du pain.
À droite, disposées le long du mur, six jarres servaient sans doute à contenir les réserves (de grains, farine, …). Dans l’arrière boutique à l’emplacement habituel du péristyle, se trouvent les moulins à moudre le grain et le four.
Chaque boulangerie de Pompéi possédait ses propres moulins pour produire la farine qui entrait dans la fabrication de sa pâte à pain. Le reste de l’installation était à peu près identique dans la quarantaine de boulangeries que comptait la cité: un four à bois, un pétrin en pierre et une étagère destinée à la levée des pâtons. Les moulins étaient actionnés par traction animale. En général un âne, quelquefois une mule poussait un axe en bois encastré dans la meule. En tournant, la partie supérieure, dont
Fresque représentant plusieurs sortes de pains – Musée Archéologique de Naples
la forme ressemble à un « diabolo », broyait le grain. La farine s’écoulait le long du cône de pierre fixe (la meta) et était ensuite récupérée pour confectionner la pâte à pain.
À ce jour, on ne connaît pas le nom du propriétaire de la boulangerie située au N°3.
Boulangerie anonyme située au N°3 (îlot 1 – Quartier IX) dans la via Stabiana.
ous laissons derrière nous la boulangerie du N°3 et poursuivons sur le trottoir de droite, notre promenade dans la via Stabiana.
Nous approchons du croisement de la via Stabiana et de la vicolo Degli Augustali marqué par une série d’arcades et d’une fontaine.
Il est une pratique courante d’ériger les fontaines à proximité de carrefours. On crée ainsi un réseau de points d’eau à des endroits de passage très fréquentés.
Encore quelques pas et nous apercevons l’entrée de la boulangerie de Terentius Proculus aux N°10 et N°12 (l’îlot 3 – quartier IX).
On y retrouve les mêmes installations:
A gauche, un comptoir en L pour servir la clientèle. Dans l’arrière-boutique on dénombre quatre podiums qui ont chacun servi de socle pour un moulin à grain. Çà et là des meules à moitié enfouies dans le sol encadrent le four qui, la gueule ouverte, attend depuis plus de deux mille ans, la prochaine fournée de pâtons.
Encore quelques pas et nous apercevons l’entrée de la boulangerie de Terentius Proculus aux N°10 et N°12 (l’îlot 3 – quartier IX).
A gauche, un comptoir en L pour servir la clientèle. Dans l’arrière-boutique on dénombre quatre podiums qui ont chacun servi de socle pour un moulin à grain. Çà et là des meules à moitié enfouies dans le sol encadrent le four qui, la gueule ouverte, attend depuis plus de deux mille ans, la prochaine fournée de pâtons.
Illustrations:
Si vous désirez imprimer ou télécharger les illustrations du moulin romain de Pompéi, cliquez sur les vignettes. Les illustrations sont libres de droits pour des fins non commerciales.
Resources:
- Site AD79 Destruction and Re-discovery: Plan interactif de Pompéi par Quartier, par îlot et par maison« CLIC »
- The journal of Fasti Online – Documents & Research – Pompéi, recherches sur les boulangeries de l’Italie romaine auteur: Nicolas Monteix « CLIC »
- Pompeii – Parc Archéologique de Pompéi – Projet « Pistrina » – Localisation des boulangeries dans la cité de Pompéi.
The activities were done by the heritage of Pompeii with the collaboration of École française de Rome, the Centre Jean-Bérard and the university Rouen.
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- Guide aux fouilles de Pompéi – Brochure éditée par le site officiel du Parc Archéologique de Pompéi –
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The activities were done by the heritage of Pompeii with the collaboration of École française de Rome, the Centre Jean-Bérard and the university Rouen.
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