Les ostraca

Un ostracon, des ostraca

Les dessins et peintures réalisés sur des tessons de poteries ou éclats de calcaire, les ostraca, fournissent d’étonnantes informations sur l’art égyptien.
Au vu des grandes réalisations qui caractérisent la civilisation égyptienne , on aurait pu croire que l’art égyptien était formel et répondait à des « canons » très conventionnels.
Ce qui est sans doute le cas, pour les monuments religieux et les tombes.
Mais il existe également une masse de dessins et de peintures dans lesquels les artistes de l’époque laissaient libre cours à leur créativité.

Ces travaux souvent réalisés sur des tessons de poterie ou des éclats de calcaire, les « ostraca », nous livrent des oeuvres spontanées, libérées de toute contrainte, tant par le sujet traité que par le style.

Les ostraca, sont en quelque sorte les cahiers de brouillon de l’Egypte ancienne.
Entre les mains de l’apprenti, ils servent à s’entraîner et à recopier des modèles.
Entre les mains expertes du « scribe des contours » ils deviennent des « essais », des « croquis », des « projets », des « études ».

Dans certains cas, l’artiste l’emportera avec lui sur le chantier en cours, pour réaliser la mise au net du projet sur un mur.

Les ostraca n’étaient pas destinés à être conservés. Ils représentent une étape spontanée dans la création artistique de l’Egypte du Nouvel Empire. De nombreux ostraca ont été découverts dans le village de Deir el Medineh qui rassemblait une communauté d’artistes.
Les dessins que l’on y trouve sont des plus variés et souvent sans concessions. Tantôt poétiques, tantôt burlesques, mettant en scène des animaux comme dans une fable, présentant un « monde inversé » où la souris est le maître et le chat son serviteur. Caricatures humaines, scènes de chasse, scènes de banquet où l’un des convives vomit du vin, dessin satirique ou érotique, tous les sujets sont abordés sans tabou et illustrent les mille et une facettes du quotidien dans l’Egypte ancienne. C’est à partir de ces bouts de poterie que nous prenons pleinement conscience de ce que devait être la vie des Egyptiens il y a plus de trois mille ans.

Scribes des contours