Les funérailles sont un moment de tristesse et de recueillement. Dans l’Egypte ancienne, elles marquent aussi le début d’un parcours qui mènera le défunt à l’Au-delà.
Tandis que les pleureuses se lamentent, les prêtres récitent les formules sacrées nécessaires au passage de la mort à la vie éternelle.
Les proches accompagnent en cortège le défunt jusqu’à la tombe, sa dernière demeure que les porteurs d’offrandes remplissent des objets de la vie quotidienne dont il aura besoin dans l’Au-delà.
Le jour des funérailles, la momie (1) est placée sur un traîneau et tirée par des hommes (2)ou des boeufs jusqu’à son tombeau.
Le convoi funèbre est précédé de pleureuses professionnelles(3) qui se couvrent la tête de poussière et se lamentent tout en déchirant leurs habits.
D’autres personnages transportent le mobilier funéraire (4) ainsi que toutes les offrandes et tous les objets qui accompagneront le défunt dans la tombe.
Les membres de la famille suivent la procession.
(Voir ci-dessous)
Relief funéraire de Néferrenpet
– Fragment – Nouvel Empire
Musées Royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) – Bruxelles
Les funérailles du vizir Ramosé
Le cortège funèbre accompagne le défunt jusqu’à sa sépulture.
Pour agrandir, cliquez sur la fresque.
Avant la mise au tombeau, le prêtre effectuait le rituel de l’ouverture de la bouche. C’était le moment le plus important de la cérémonie funéraire. Le cercueil était redressé et posé verticalement. Ce qui explique, qu’à partir du Moyen Empire, moment où on commence à réaliser des cercueils anthropomorphes, il est nécessaire de prévoir un piédestal.
A l’aide d’un instrument, le prêtre touchait ensuite, les yeux, la bouche, le nez et les oreilles de la momie afin que le défunt recouvre l’usage de ses sens. Il touchait aussi la momie avec une patte de boeuf pour lui donner toute force pour reprendre vie. A présent, le ba pouvait réintégrer le corps.
La tombe est considérée comme le réceptacle qui doit permettre au défunt de disposer de tout ce qui lui sera nécessaire dans l’Au-delà.
Elle contient tous les éléments indispensables à la vie quotidienne:
-le corps, sans lequel toute vie est impossible, a été momifié afin de lui assurer une enveloppe charnelle inaltérable pour l’éternité,
-la statue funéraire qui porte son nom est un substitut à son corps de chair et d’os dont il peut également disposer à sa guise,
-le ou les cercueils sont couverts de scènes et de textes issus de livres sacrés, d’images de divinités ou de symboles qui lui assurent une protection éternelle et magique,
-les fournitures funéraires (vaisselle, meubles, vêtements, bijoux, parures, …) lui permettent de retrouver le niveau de vie qui était le sien ici-bas,
-les offrandes de nourriture lui permettent d’être à l’abri de la disette et de la famine.
Par ailleurs, l’Egypte ancienne a donné à l’image, valeur de réalité. Cette capacité dite « performative » permet de représenter les proches, la maison, le jardin, le lieu de travail du défunt sur les parois de sa tombe et de lui assurer le maintien de tout ce qui l’entourait dans sa vie terrestre.
Le culte funéraire, permet aux proches de rester en contact avec le défunt, après sa mise au tombeau. Grâce aux visites régulières à la tombe, au dépôt d’offrandes dans la chapelle funéraire et à la prononciation du nom du défunt, les Vivants entretiennent des contacts avec le Monde des Morts. Il n’est pas rare que les vivants demandent au défunt d’intercéder auprès des dieux en leurs noms.
Dans cette scène qui décore la chapelle funéraire de Nebamun, le défunt se trouve debout dans une petite barque, chassant les oiseaux, dans les marais, en compagnie de son épouse Hatshepsut et de leur jeune fille. Le défunt s’est fait représenter avec sa famille, car c’est l’assurance de retrouver ses proches dans l’Au-delà.
Il s’agit d’une scène de détente, en famille, qui montre le défunt prenant beaucoup de plaisir dans ce merveilleux décors naturel qu’il retrouvera dans sa nouvelle vie.
Au milieu de ces marais fertiles où la renaissance et l’érotisme ne constituent pas une simple image récréative.
La grande taille et la position centrale de Nebamun domine la scène. Il est éternellement jeune et heureux – La chasse représentée ici, n’est pas seulement un besoin nécessaire pour se nourrir, mais représente aussi Nebamun triomphant des forces du chaos.
Au risque de se répéter, la tombe ainsi que la chapelle funéraire n’étaient pas recouvertes de fresques pour faire joli, ni pour laisser un témoignage aux générations futures. Il faut envisager toutes ces peintures, toutes ces inscriptions et tous ces symboles comme des projections de la future vie éternelle dans l’Au-delà. En quelque sorte, le défunt programmait la vie idéale qu’il voulait vivre éternellement. En ce sens, la tombe de Nebamun est sans doute l’un des plus beaux projets de l’après-vie.
Textes accompagnant les fresques – salle 61 du British Museum
Qui était Nebamun ?
Nebamun était l’intendant en charge des greniers à blé au grand Temple d’Amon de Thèbes (l’actuel Karnak)
L’inspection des champs
Une scène de la chapelle funéraire montre des fonctionnaires inspectant les champs. Un paysan vérifie les piquets qui délimitent le terrain. Non loin de là, deux chars, qui ont véhiculé les fonctionnaires, attendent à l’ombre d’un sycomore.
Inventaire- Dénombrement du bétail et des oies.
Nebamun est décrit comme un homme de bien qui exerce une grande autorité. Il possède un grand nombre de serviteurs et est propriétaire de nombreuses têtes de bétail. Il dénombre les oies. Il observe les fermiers qui viennent présenter les animaux. Son secrétaire note le nombre d’animaux. Des hiéroglyphes décrivent la scène et rapportent les conversations des paysans.
Les paysans se prosternent devant Nebamun et lui témoignent beaucoup de respect.
Un homme tenant un bâton leur dit: « Restez agenouillés et ne parlez point! » Les oies sont représentées en grand nombre, picorant le sol et battant des ailes.
Un homme tenant un bâton leur dit: « Restez agenouillés et ne parlez point! » Les oies sont représentées en grand nombre, picorant le sol et battant des ailes.
Les offrandes
Un alignement de serviteurs apportent des offrandes.
Cela comprend des bottes de blé, une jeune gazelle, deux lièvres du désert. Il s’agit sans doute de la partie inférieure de la fresque.
L’une des scènes les plus importantes de la chapelle montre une grande quantité d’offrandes qui s’entassent les unes au-dessus des autres: figues, canards rôtis, volailles, jarres à vin et à parfum.
Il y a aussi un grand bouquet de papyrus et des fleurs, symboles du festival annuel dédié au dieu Amon, lorsque les proches rendent visite à leurs morts. Les hiéroglyphes reprennent des prières et énumèrent des listes d’offrandes.
Un grand banquet est organisé en l’honneur du défunt
Un mur de la chapelle illustre une fête donnée en honneur de Nebamun.
Les servantes nues accueillent les invités. Les couples mariés sont assis côte à côte sur des sièges finement décorés. Tandis que les jeunes femmes bavardent entre elles.
Cette scène érotique de détente et d’abondance est une projection de la vie du défunt dans l’Au-delà. Il espère jouir de toutes ces choses pour l’éternité.
Des danseuses et des musiciennes divertissent les invités.
Les paroles des chants en l’honneur de Nebamun sont reproduits au-dessus de leurs têtes.
« Le dieu de la terre a permis que sa beauté s’épanouisse dans chaque être
Les canaux débordent à nouveau et le pays est inondé par son amour. »
Les canaux débordent à nouveau et le pays est inondé par son amour. »
Pain et galettes retrouvées dans une chambre funéraire – British Museum
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