Le guerrier Moche
partir de cet objet qui représente un guerrier Moche, on peut commencer à s’interroger au sujet de cette culture disparue.
Ce jeune guerrier tient dans sa main droite une massue et dans sa main gauche un petit bouclier circulaire. Sa peau est de couleur cuivre rouge, tandis que le blanc des yeux contrastent et donnent au personnage un regard figé effrayant ou effrayé (un peu à la manière des guerriers Maori).
Les Moches étaient passés maîtres dans l’art de la poterie. Leurs créations sont parfaites. Ils devaient produire ces poteries à grande échelle.
Le nombre de pots trouvés fait penser qu’ils étaient passés à un stade de production en série et avaient dû mettre au point des structures de distribution.
Les rituels guerriers
La célébration de la guerre et des guerriers constituait un aspect important dans l’art Moche.
Pour les Moches, la guerre et la religion sont étroitement liées. Se battre était un véritable rituel.
Pour se protéger, le guerrier ne possède qu’un petit bouclier circulaire guère plus grand qu’une assiette. Il est armé d’une massue qui peut aisément fracasser un crâne.
Les motifs de ses habits indiquent que nous sommes en présence d’un jeune homme d’un statut élevé. Mais il s’agit clairement d’un fantassin. Il n’y avait pas de chevaux à l’époque en Amérique du Sud. Ils apparaîtront plus tardivement avec l’arrivée des Européens.
Même l’élite de la société Moche se déplaçait à pied.
Les Moches organisaient des jeux guerriers au cours desquels les guerriers, armés comme ci-contre, s’opposaient en combat singulier.
Chacun représentait alors son clan, sa famille. Perdre un combat comme celui-là, était bien pire que perdre la face. Les guerriers perdants étaient sacrifiés. Décapités par un personnage figurant un animal et leur sang était bu par les autres.
On trouve ainsi des sites funéraires où l’on dénombre 75 guerriers mâles qui ont été sacrifiés au cours de divers rituels.
On a notamment mis au jour les tombes de deux sacrificateurs. Dans l’une des sépultures les archéologues trouvèrent une massue en bois recouverte de sang humain. Les victimes étaient alignées les unes à côté des autres dans le temple. Il s’agissait d’hommes robustes, de jeunes guerriers entre 18 et 40 ans.
Ils portaient de nombreuses traces de blessures dues aux combats, plusieurs lacérations à la gorge, aux bras, au visage. L’examen des corps indiquait que la plupart d’entre eux avaient été égorgés. Certains avaient la peau du visage enlevé. D’autres avaient les bras coupés, d’autres encore avaient été décharnés et réduits à l’état de squelette. Dans certains cas, les crânes avaient été transformés en récipients.
On ignore la raison pour laquelle les Moches abandonnèrent ce genre de rituels dans le courant du VIIe siècle. Cela correspond néanmoins à des changements climatiques importants. Durant 70 ans, des pluies torrentielles se sont abattues sur la région, perturbant ainsi la qualité des récoltes. Si cela s’est passé, il est certain qu’il n’y avait plus de temps pour organiser de grandes cérémonies ni de compétitions guerrières. Il s’agissait avant tout de survivre.
C’est aussi à cette époque que de grandes forteresses furent édifiées, peut-être pour protéger les maigres ressources que produisait la terre contre d’éventuels pillages.
Quelles qu’en soient les causes, les décades qui suivirent virent la chute de la civilisation Moche.
Sources :
Texte élaboré à partir de:
A History of the World in 100 Objects (British Museum en collaboration avec la BBC)
https://www.britishmuseum.org/explore/a_history_of_the_world/objects.aspx#48