Bien qu’il ne se soit jamais joint à l’entreprise, la grande fortune de Stephen Courtauld provenait de l’empire familial qui s’illustra dans la fabrication de la rayonne ou viscose, également appelée soie artificielle.
Durant sa vie, il s’impliqua dans de nombreuses oeuvres de charité ainsi que dans des événements culturels. Il fut fortement affecté par le conflit de la Première Guerre Mondiale au cours duquel il fut décoré pour des actes de bravoure.
Stephen était une personnalité placide et taciturne.
Michael Balcon, producteur et directeur des Ealing Studios disait de lui: « Il était notre Rocher de Gibraltar, imperturbable. Toujours pareil, dans les bons et mauvais jours. Il ne prononçait jamais deux mots quand un seul suffisait. »
Virginia ou Ginie est née en Roumanie d’un père italien et d’une mère hongroise. C’était une personnalité impulsive et anticonformiste.
Elle avait la réputation d’avoir un serpent tatoué sur la cheville.
Meg Bernard, la nièce de Stephen disait d’elle: « Elle aimait choquer et elle poursuivait toujours sa propre idée. Elle avait énormément de charme… et tant de caractère et si fringante, si pétulante.
a rencontre de ces deux personnalités extrêmes allait se produire dans les Alpes, alors que Stephen s’adonnait à la randonnée en montagne.
Ils se marièrent en 1923. Stephen Courtauld offrit à Ginie un cadeau de mariage hors du commun: un lémurien de Madagascar qu’il acheta au Département animal de compagnie chez Harrods.
La cellule de Jonggy fut particulièrement étudiée pour le confort du lémurien. Sur les murs on fit reproduire à la main le décor de sa forêt natale de Madagascar afin que l’animal ne soit pas dépaysé.
Cette cellule possédait tout le confort moderne: le chauffage central ainsi qu’une trappe qui permettait à Jonggy d’accéder au rez-de-chaussée via une échelle de bambou. Aujourd’hui, une peluche a repris le rôle pour les besoins de la visite.
Mah-Jongg avait la détestable habitude de mordiller les chevilles des invités sous la table de la salle à manger, durant les repas.
Entre 1920 et 1930, la mode des animaux de compagnie exotiques faisait rage. Evelyn (Arthur St. John) Waugh, écrivain qui plantait volontiers sa plume dans l’encrier du sarcasme fit la description d’un autre lémurien en ces mots: « moitié chat, moitié écureuil et moitié singe ».
Ci-contre: L’écrivain Evelyn Waugh – photographie Howard Coster – National Portrait Gallery de Londres
En 1917, le Magasin Harrods de Londres crée son département « animal de compagnie exotique », proposant aux nantis et aux célébrités du moment un vaste choix d’animaux allant du lion aux lézards.
C’est ainsi qu’en 1923, les Courtaulds achètent un lémurien de Madagascar auquel ils donneront le nom de « Jonggy » ou « Mah-Jongg »
Jonggy avait son propre fauteuil pliant sur le pont du « Virginia », le bateau des Courtaulds.
Le couple Courtauld et Mah-Jongg, représentés par le peintre Leonard Campbell Taylor en 1934.
Les Courtaulds exploitaient au maximum les nouvelles technologies de l’époque. Ils firent installer des chauffages électriques dans la plupart des chambres. Des horloges synchronisées étaient intégrées dans les boiseries, un peu partout dans la maison.
Des haut-parleurs encastrés dans les murs diffusaient le même programme ou les mêmes disques partout dans les pièces des étages à celles du rez-de-chaussée.
La Compagnie Siemens se chargea de l’installation d’un système téléphonique interne. Ce qui permettait à tout moment de communiquer avec les occupants de la maison.
L’immeuble était équipé d’un système central pour l’aspiration des poussières. Les machines d’aspiration se trouvaient dans la cave. Le personnel d’entretien devait simplement brancher l’aspirateur sur la bouche d’aspiration dont était équipée chacune des pièces.
1- Système d’aspiration dans les chambres
2- Système d’aspiration dans les chambres
3- Système d’aspiration central dans le sous-sol
4- Tableau de commandes électriques
5- Horloges synchronisées intégrées dans la boiserie
6- Haut-parleurs encastrés dans les murs
7- Système téléphonique interne
8- Chauffage central électrique dans les chambres
9- Nombreuses prises de courant
En 1930, Stephen Courtauld rejoint le conseil d’administration de l’Associated Talking Pictures Ltd and Ealing Studios sous la présidence de Basil Dean.
Au cours des vingt années qui suivirent, Stephen finança de nombreux projets et contribua à la construction et au développement des Ealing Studios.
Ealing devint le plus fameux studio britannique au monde sous la houlette du directeur des productions Michael Bacon. Parmi les productions qui connurent un beau succès citons: Passeport to Pimlico – The sign of four -The Ladykillers – Kind Hearts and Coronets (noblesse oblige, en français) avec Alec Guinness interprétant pas moins de 8 rôles.
Sources :
Texte élaboré à partir des panneaux explicatifs disposés dans les différentes pièces d’Eltham Palace et à partir de la publication de English Heritage Guidebooks en vente à Eltham Palace.