Au cours des millénaires, de nombreux peuples ont traversé la Syrie. Disséminés à travers tout le pays, des sites archéologiques de l’Orient Ancien, de l’époque grecque et de l’époque romaine sont aujourd’hui livrés aux pillages. Les objets déterrés sans précautions sont abimés et ne sont pas répertoriés, ce qui constitue une perte pour la science et l’histoire. Ces pillages engendrent des détériorations irréversibles sur les sites archéologiques touchés par cette plaie.
près plus de deux ans de guerre, la majeure partie du patrimoine archéologique et historique syrien serait aujourd’hui menacé de disparition, de pillage, d’éparpillement.
Les constats émanent du Conseil International des Musées de l’UNESCO (ICOM) qui a dressé une liste rouge des objets sensibles. Il s’agit d’une liste représentative des objets qui sont susceptibles d’être volés.
Mais il existe aussi une liste d’objets qui ont été réellement dérobés. Cette liste-là est immédiatement transmise à la police internationale des douanes, à Interpol et aux polices des pays limitrophes (Jordanie, Liban, Irak et Turquie ).
Depuis toujours, les sites archéologiques et historiques comptent parmi les dommages des conflits.
Mais depuis quelques décénies, des textes, comme la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, aussi connue sous l’appellation Convention de La Haye de 1954, protège, en théorie le patrimoine mondial de l’humanité.
Quels sont les effets sur le terrain?
Quelles sont les actions mises en place par les instances internationales et les services archéologiques nationaux en cas de conflit?
Toutes ces procédures sont-elles suffisantes et respectées par les belligérants?
Evidemment, parler de sites archéologiques en péril lorsqu’on sait le drame humain vécu par les populations syriennes depuis des mois cela peut paraître un peu insignifiant, mais en même temps, tout cela fait partie de l’identité du pays.
On sait que les questions identitaires sont prioritaires pour la Syrie d’aujourd’hui et elles le seront certainement pour la Syrie de demain, lorsqu’il s’agira de reconstruire le pays.
Après tout, c’est autour de la mémoire, du patrimoine, de la culture partagée que les Syriens pourront demain se retrouver.
« Le passé de la Syrie est menacé, au même titre que son présent et son avenir » a déclaré Lakhdar Brahimi, émissaire international dépêché par les Nations Unies.
Article rédigé en novembre 2013
Ressources: Propos recueillis au cours de l’interview de Nada Al Hassan, chef de l’Unité Etats arabes au sein du département Patrimoine de l’UNESCO dans l’émission « Le monde six pieds sous terre » sur France culture
Le bilan général des dégradations
Nada Al Hassan, chef de l’Unité Etats arabes au sein du département Patrimoine de l’UNESCO déclare:
« Il faut émettre des réserves, car les informations qui nous parviennent ne sont pas nécessairement certifiées. Plusieurs vidéos circulent sur Internet. Il y a aussi des informations qui empruntent les canaux officiels de la Direction des Antiquités de Syrie. On sait que certains sites ont été endommagés.
Sur le plan du trafic illicite, des oeuvres ont été retrouvées au Liban. Certains dommages ont été causés au patrimoine bâti et au patrimoine mobilier.
Il faut également déplorer des atteintes au patrimoine immatériel. C’est le cas des souks d’Alep.
Les souks, c’est la vie des gens, c’est leurs traditions… et cela aussi a été dévasté. »
Six sites culturels syriens sont inscrits au patrimoine mondial de l’humanité:
Les villages antiques au Nord de la Syrie.