epuis le début du conflit, de nombreux musées syriens ont été la proie de bandes de pilleurs. C’est ainsi que le Musée ethnographique d’Alep a signalé le vol de pièces historiques: poignards de Bagdad, pointes de flèches, récipients en verre ainsi que d’autres objets d’importance.
La proximité de la frontière turque accroît considérablement le risque de voir ces biens culturels quitter clandestinement le pays.
C’est pourquoi les musées syriens s’emploient actuellement à réduire le risque de vol du patrimoine culturel en transférant leurs objets archéologiques dans des dépôts plus sécurisés.
Le service de protection a été renforcé par l’installation de systèmes d’alarmes et le recrutement d’agents de sécurité supplémentaires.
Les collections du Musée archéologique d’Alep seraient en sécurité. Selon de récentes informations, le Musée
archéologique d’Alep aurait subi des dégâts matériels. A la suite d’une explosion, en octobre 2012, le faux plafond se serait effondré, des vitres auraient volé en éclat et auraient légèrement blessé un conservateur et deux employés. Par la suite, les objets de valeur auraient été transférés dans un lieu mieux sécurisé.
Aux dernières nouvelles, le musée aurait subi encore d’autres dommages à la suite d’un attentat à la voiture piégée en janvier 2013.
Le musée archéologique d’Alep renferme les trésors archéologiques de la région, en particulier des villes de Mari, d’Ebla et d’Ougarit qui sont aux sources de la civilisation.
Des vestiges du temple araméen de Tell Halaf (Xe s. av. J.-C.) y sont également exposés.
Ces vestiges du passé sont d’autant plus précieux que la majorité des découvertes a été détruite ou gravement endommagée dans les bombardements de Berlin en 1943. À partir des milliers de débris, certaines statues colossales en basalte ont été reconstituées et sont aujourd’hui exposées au musée de Pergame à Berlin.
Musée de Hama
Selon certaines sources locales, le célèbre musée régional de Hama, dans le Nord-Ouest du pays, serait tombé aux mains de pilleurs. Une statue de bronze couverte d’or (voir ci-dessous) datant de la période araméenne est portée manquante. On craint qu’elle n’ait déjà quitté illégalement le pays, à destination de marchés internationaux.
Octobre 2013 – Des centaines de céramiques, de plâtres et de mosaïques entreposés dans un entrepôt auraient été dérobés par un groupe armé. Ces objets en provenance du site archéologique de Heraqla étaient le résultat de nombreuses années de fouilles archéologiques et revêtaient une importance historique et scientifique significative.
Au cours des derniers mois, l’entrepôt avait déjà fait l’objet d’attaques perpétrées par des groupes armés. Ces attaques avaient jusqu’ici été repoussées avec succès par des milices locales, qui souhaitaient protéger leur patrimoine culturel. Afin de sauvegarder le patrimoine syrien, le reste des objets a été mis à l’abri.
Ressources :
UNESCO – Trafic illicite de biens culturels
Photo du bronze recouvert d’or UNESCO/Prof. Abdulkarim
Le plan d’action s’articule sur trois volets:
- Sensibiliser les populations locales et les diverses parties du conflit.
- Sécuriser les musées.
- Préparer l’après-conflit.
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Sensibiliser les populations locales et les diverses parties du conflit.
Sensibiliser les populations locales et les diverses parties du conflit.
Des actions ont déjà été menées par les services culturels syriens qui ont lancé une campagne de posters (voir ci-contre).
Les populations locales ont montré qu’elles pouvaient jouer un rôle important en cas de conflit armé. Chacun se souvient de la chaîne humaine devant le Musée du Caire. En Syrie, on signale de nombreux exemples de particuliers qui se sont mobilisés pour protéger leur patrimoine.
Dans toute la Syrie, sous quel contrôle que se soit, il y
a de jeunes et de moins jeunes professionnels qui s’activent à protéger les sites. Consolidant les parties qui risquent de s’écrouler, nettoyant les débris, empilant des sacs de sable ou murant les entrées pour empêcher l’intrusion de groupes armés dans les édifices. Il y a un réel travail de documentation et d’inventaire qui s’effectue à l’échelle de toute la Syrie. On assiste à un engagement spontané de la société civile.
Sécuriser les musées.
Les mesures immédiates pour sécuriser les musées passent par la formation des professionnels syriens. Des formations sur la consolidation des bâtiments qui ont été endommagés mais aussi sur la prévention du trafic illicite. Il faut savoir qu’il existe des manières pour camoufler le trafic illicite.
La police doit être formée pour qu’elle puisse être efficiente sur le terrain.
La police doit être formée pour qu’elle puisse être efficiente sur le terrain.
Il ne faut pas se leurrer, les trafiquants ne sont pas des amateurs.
Aux dernières nouvelles, certains camps de réfugiés en Turquie étaient utilisés pour faire passer des biens culturels volés. Les trafiquants savent que lorsqu’il y a de grands mouvements de foule, il est difficile, voire impossible pour la police des frontières d’exercer un contrôle efficace.
Préparer l’après-conflit.
Mettre en réseau tous ceux qui travaillent sur le patrimoine syrien que ce soit les missions archéologiques, les chercheurs ou les professionnels syriens. Il faut mettre en commun toutes les informations.
La Syrie compte quelque 40 musées nationaux. Il est indispensable d’effectuer un état des lieux des collections et de signaler les objets volés dans les 36 heures qui suivent un pillage.
La Syrie compte quelque 40 musées nationaux. Il est indispensable d’effectuer un état des lieux des collections et de signaler les objets volés dans les 36 heures qui suivent un pillage.
Ressources: d’après l’interview de Nada Al Hassan, chef de l’Unité Etats arabes au sein du département Patrimoine de l’UNESCO dans l’émission « Le monde six pieds sous terre » sur France culture