Montage photographique réalisé à partir de 5 clichés présentant le mur du fond et les deux murs latéraux du triclinium.
Grande demeure reconvertie en exploitation agricole, la « villa des mystères » tire son nom d’une fresque de 17 mètres de long qui se déroule sur les quatre murs du triclinium, salle à manger de la maison (voir ci-dessus).
Quelque peu décentrée par rapport au reste du site archéologique, la villa n’en fait pas moins partie. Sur le plan, elle est d’ailleurs reprise dans le quartier VI sous le numéro [19].
Il s’agit d’un complexe d’habitation de plan carré constitué d’environ 90 pièces.
On y accède par la Porte d’Herculanum [16].
Chemin faisant, nous passons en revue les tombes et les monuments funéraires qui s’égrainent tout au long de la Via delle Tombe.
Les Romains étaient très superstitieux.
La loi romaine interdisait non seulement d’inhumer, mais aussi d’incinérer les corps dans l’enceinte de la ville.
C’est pourquoi, les cimetières se trouvaient toujours sur les voies romaines en dehors de la cité.
La nécropole de la Porte d’Herculanum accueillait les tombes des représentants importants de Pompéi, les membres des riches familles et ceux de l’aristocratie.
La loi romaine interdisait non seulement d’inhumer, mais aussi d’incinérer les corps dans l’enceinte de la ville.
Mais pourquoi tous ces mystères ?
L’interprétation des fresques et le sens de leur lecture ne sont pas confirmés.
Le « mystère » est partiellement engendré par les spécialistes eux-mêmes, qui proposent différentes interprétations. Confronté aux divergences des multiples études, il est quasi impossible pour le néophyte de séparer le bon grain de l’ivraie et de trouver la clé pour comprendre ce chef-d’œuvre de l’histoire.
Si les spécialistes ne sont pas d’accord, il faut cependant souligner que toutes les interprétations pointent des éléments communs. Il s’agirait d’une cérémonie de passage initiatique. Parmi les protagonistes on relève: Dionysos (Bacchus), des satyres ou des faunes, des prêtresses ou des initiatrices, des amours, …
Le thème du mariage semble également récurent dans toutes les versions. Et puis, tout le monde s’accorde à dire que cette composition contient une composante onirique à laquelle nous sommes complètement étrangers aujourd’hui. Difficile dès lors d’en comprendre le véritable sens.
Le thème du mariage semble également récurent dans toutes les versions. Et puis, tout le monde s’accorde à dire que cette composition contient une composante onirique à laquelle nous sommes complètement étrangers aujourd’hui. Difficile dès lors d’en comprendre le véritable sens.
Deux courants d’interprétations s’opposent.
Pour les uns, comme Gilles Sauron, il s’agirait d’un rite d’initiation aux mystères du culte dionysiaque (Dionysos – Bacchus)
Pour d’autres, cette fresque représenterait les étapes par lesquelles doit passer la jeune fille pour devenir une matrone (épouse et mère).
C’est ainsi que pour Paul Veyne, la fresque, ou plutôt l’original grec dont elle est la reproduction, était destinée à orner la chambre conjugale d’un gynécée, la coutume était de décorer de peintures suggestives la chambre des nouveaux époux. Pour Veyne, la fresque n’est ni cultuelle ni même proprement religieuse: les croyances bacchiques sont ici le prétexte à un jeu artistique sur des réalités très quotidiennes.
C’est ainsi que pour Paul Veyne, la fresque, ou plutôt l’original grec dont elle est la reproduction, était destinée à orner la chambre conjugale d’un gynécée, la coutume était de décorer de peintures suggestives la chambre des nouveaux époux. Pour Veyne, la fresque n’est ni cultuelle ni même proprement religieuse: les croyances bacchiques sont ici le prétexte à un jeu artistique sur des réalités très quotidiennes.
Lecture linéaire et continue
Pour les uns, les fresques se lisent en continuité et de façon linéaire, créant ainsi une chronologie dans l’enchaînement des scènes. Mais, le point de départ peut varier selon les auteurs.
Lecture symétrique
Pour d’autres, comme Gilles Sauron, ces fresques doivent être lues selon un déroulement symétrique sur chaque mur latéral. La fresque de droite d’abord, celle de gauche ensuite, les deux fresques aboutissant sur le duo « Dionysos – Sémélé » (mère de Dionysos) qui occupe le mur du fond.
Analysons la fresque en envisageant les deux interprétations:
celle qui présente les étapes par lesquelles une même femme doit passer au cours de sa vie
selon Paul Veyne
et
Avant les noces, préparation du traditionnel bain prénuptial par la mère de la mariée et ses servantes.
Une femme apporte un plateau rempli de gâteaux. Une prêtresse assise, couronnée d’olivier soulève de la main gauche un voile qui recouvre le contenu d’une corbeille tenue à bout de bras par une assistante. De la main droite elle présente un rameau d’olivier à la seconde assistante qui l’arrose de vin. Ce rite est préparatoire à la résurrection et la divination de Dionysos.
À la suite de la préparation, succède l’initiation à la vie conjugale, à savoir la nuit de noces et la défloration, qui avait été discrètement évoquée par l’image du dévoilement d’un phallus caché dans la corbeille.
Dans cette seconde scène, un satyre joue de la lyre (1), tandis qu’un satyre femelle allaite un cabri (3) et qu’à ses côtés un troisième joue de la flûte (2). Effrayée par ce que la prêtresse vient de lui apprendre, la jeune épouse (4) a un geste de rejet de la main gauche pendant que de l’autre, elle se couvre de son manteau.
Plus loin, un satyre (5) présente à boire à un jeune garçon. La scène représenterait le rite de passage au cours duquel on donnait « du vin à boire aux garçonnets pour la première fois dans leur vie.
À l’extrême droite, dans la partie la plus abîmée de la fresque, Bacchus (Dionysos) (6), dans les bras de sa maîtresse Ariane, se mêle aux participants de la cérémonie nuptiale. Car il est le dieu du mariage, du moins dans l’imagination aimable des artistes, sinon dans les réalités de son culte.
À l’extrême droite, dans la partie la plus abîmée de la fresque, Bacchus (Dionysos) (6), dans les bras de sa maîtresse Ariane, se mêle aux participants de la cérémonie nuptiale. Car il est le dieu du mariage, du moins dans l’imagination aimable des artistes, sinon dans les réalités de son culte.
À gauche, un satyre (1) couronné de lauriers interprète sur sa lyre un chant funèbre en l’honneur de Dionysos. Deux faunes à l’arrière-plan l’accompagnent. Tandis que l’un joue de la flûte de pan (2), l’autre présente son sein à un cabri (3).
Apeurée par ce qu’elle découvre, la nouvelle initiée hésite à se convertir au culte dionysiaque. L’expression de terreur, le geste de répulsion de sa main gauche expriment l’effroi de la novice (4).
S’en suit une scène de divination à travers le reflet d’un liquide. Un satyre (5) , qui fait ici office de prêtre présente à un jeune homme une coupe dans laquelle un visage apparaît, sans doute, dans du vin. Ce visage n’est autre que le reflet du masque que tient derrière lui un comparse du satyre.
Pour la partie la plus abîmée de la fresque, cette version y voit plutôt un Dionysos (6) affalé dans les bras de sa mère Sémélé plutôt qu’un Dionysos débordant de sensualité et ivre d’amour pour son épouse Ariane.
Le voile se lève sur le contenu du panier (peut-être un berceau) (7) et la nuit de noces. À sa vue, la jeune mariée (9), traumatisée et en larmes, se réfugie à demi nue dans les jupes de sa nourrice (10) ; cependant que Diké (8), gardienne de la morale humaine, armée d’un fouet, interdit aux regards indiscrets la vue des secrets de la nuit de noces.
La jeune initiée (9) est déchaussée et recouverte pour moitié d’un manteau, dans l’acte de découvrir le phallus (7) du dieu Dionysos, symbole de fertilité. Dans cette scène de la flagellation : l’initiée est représentée à genou, appuyée sur les genoux d’une amie (10), avec le dos dénudé, tandis qu’elle est fouettée par Teléte (8), fille de Dionysos et Nikaia.
Jouant des cymbales (12) une danseuse nue(11) et une cantatrice participent aux noces.
Une bacchante(11) danse, accompagnée par un ministre du culte, en jouant des cymbales(12).
Cette scène est aussi interprétée comme une allégorie de la grossesse de Sémélé, mère de Dionysos, et de la naissance de ce dernier.
Devenue riche matrone, la mariée se pare de bijoux, servie par des Amours, sous les regards heureux de sa propre mère.
Cette scène souligne à quel point les nouveaux statuts sociaux d’épouse et de mère procurent à la femme honorabilité et respectabilité
Dans le cas d’une lecture symétrique, cette scène figurerait en premier.
Elle représente une femme assise sur un trône qui se coiffe, entourée par des amours qui soutiennent des miroirs.
Gilles Sauron y voit le symbole du mariage de Sémélé (future mère de Dionysos) avec Zeus.
Mère heureuse d’une noble famille, la matrone (13) regarde fièrement son fils (15) qui apprend à lire.
L’enfant studieux déchiffre avec application son livre sous les yeux de sa mère et de sa préceptrice (14). Il sera « bien élevé » aux deux sens du mot : lettré et distingué.
Ou bien faut-il considérer cette séquence comme la projection d’un souvenir, celui de l’initiation de la maîtresse de maison?
La fresque reprendrait sur les murs latéraux, les rôles successifs tenus par une même femme au cours de sa vie: jeune mariée avant les noces, jeune mariée la nuit de noces, épouse, mère, initiée terrifiée, prêtresse, …
La fresque serait la mémoire autobiographique de la maîtresse de maison.
Sous la guidance d’une prêtresse (14), un néophyte (15) donne lecture des textes sacrés à la future initiée (13) qui a la tête couverte d’un voile.
Un point de détail dans le commentaire: la date du 24 août de l’an 79 après J.-C. est remise en cause par plusieurs historiens et spécialistes.
En savoir plus… « CLIC »
Jetons un coup d’oeil aux autres pièces de la maison
Les murs du tablinum
(bureau du maître de maison)
Dans le tablinum (ci-dessous), partie de la demeure où le maître de maison recevait ses visiteurs (invités ou clients), la décoration des murs s’organise en 3 panneaux séparés par de fins tracés. On assiste à un « miniaturisme » des dessins et à une prolifération de motifs décoratifs en marge du panneau central. On observe aussi l’émergence de petites représentations « égyptisantes » (sphinx, dieu Thot, etc) dont l’objet semble être purement esthétique.
Resources:
- POMPÉI la cité ensevelie – Robert ETIENNE – Éditions DÉCOUVERTES GALLIMARD – 1987 – 2005
p.121-123 et 186-191
- Commentaires explicatifs servant d’introduction à la visite de la villa – Panneau explicatif sur le site de la villa des mystères.
- Revue Agone : « Qu’est-ce que croire? » – Le symbolisme funéraire romain – La prétendue Villa des Mystères – voir site « CLIC »
- Portail Persée – Mystères dissipés ou mystères dévoilés ? À propos de quelques études récentes sur la fresque de la « Villa des Mystères » à Pompéi [compte-rendu] auteur: Jean-Marie Pailler – Topoi. Orient-Occident Année 2000 10-1 pp. 373-390 « CLIC »
- Site ARKADIAS Chapitre 17: La Fresque Dionysiaque…« CLIC »
- Guide aux fouilles de Pompéi – Brochure éditée par le site officiel du Parc Archéologique de Pompéi –
Télécharger gratuitement « CLIC »
p.121-123 et 186-191
Télécharger gratuitement « CLIC »