ui veut voyager loin ménage sa monture. Sauf que la monture en question ne nous a guère ménagés lors de nos rencontres.
À vrai dire, nous sommes très méfiants à l’égard du cheval.
Tout a commencé entre lui et nous à l’aube de notre premier «grand voyage» en couple.
Nous sommes arrivés au Caire, deux jours plus tôt et cela n’a pas échappé aux rabatteurs qui attendent les pigeons à la descente du bus pour la visite du Plateau de Gizeh.
Au programme de ce jour le Sphinx et les pyramides et demain Saqqarah. Alors, pourquoi ne pas succomber à l’alléchante proposition d’un sympathique Égyptien : une excursion à cheval qualifiée de «very easy».
Puisque nous avons été si faciles à convaincre, le matin suivant le prix a augmenté, mais bonne nouvelle : le guide parle français.
Une fois sur la bête, il va falloir traverser des artères très encombrées de véhicules et le cheval d’Eddy préfère renoncer directement et rentrer à l’écurie.
Tant et si bien que notre compagnon décide de dompter le récalcitrant et propose un échange de montures.
Nous abordons avec soulagement un chemin en terre bordé par un canal d’irrigation et, pourtant, c’est ici que l’affaire se corse.
En effet, le complexe de Djoser a beau être « very near », il va falloir accélérer le pas, et je dirais même plus, passer au trot.
Notre guide s’élance le premier, directement imité par Chouchou qui exécute des mouvements de métronome.
Tant et si bien que notre compagnon décide de dompter le récalcitrant et propose un échange de montures.
En effet, le complexe de Djoser a beau être « very near », il va falloir accélérer le pas, et je dirais même plus, passer au trot.
Je m’accroche le mieux que je peux à la selle pour suivre le mouvement et me blesse les mains en deux minutes. Pas rassurés du tout, nous tirons discrètement sur les rênes pour revenir à une allure qui maintient nos séants sur les selles. Sauf, que notre compagnon, qui sait, lui, qu’il y a 18 km à parcourir,
s’est maintenant armé d’une petite branche qu’il utilise sur les flancs de nos chevaux. Il accompagne son geste d’un rapide kékékéké censé indiquer le rythme à adopter. Au bout de deux heures interminables, lors de la pause pastèque, nous expliquons à Hassan que c’est notre première fois.
Il comprend et règle le problème par une ultime tentative de trouver pour chacun la bête qui convient le mieux. C’est pourquoi la photo souvenir ressemble à une affiche pour «l’Homme de la Mancha» avec Véro dans le rôle de Don Quichotte.
La progression se poursuit ensuite aux abords du désert ce qui nous redonne confiance. Si l’on tombe ici, le sable amortira la chute. Notre guide nous montre des tranchées de 40-45 avant d’atteindre un site, laissé dans son jus à l’époque, mais restauré depuis : Abousir.
Sans ce problème de transport, le lieu a tout pour plaire, car nous sommes totalement seuls.
Notre compagnon a compris que nous préférons profiter de la promenade en fonction de nos capacités.
Au bout d’une nouvelle avancée, il nous indique une cabane pour passer les heures chaudes.
Nous mangeons ce qui n’a pas été réduit en bouillie dans notre «lunch paquet», prenons un thé préparé par l’habitant avec du matériel rudimentaire et plongeons à même le sol dans une sieste bien méritée.
À notre réveil, la révélation tombe : bien que la pyramide à degrés soit en vue, il faut faire demi-tour et rentrer.
Le chemin du retour est ponctué de nouveaux essais de trot entre des jardins et un peu de galop dans les dunes.
Mais décidément, c’est au pas qu’on profite le mieux de la lumière de fin de journée.
À 19 h, Hassan souhaite s’arrêter pour manger, car nous sommes en période de ramadan.
Les villageois nous invitent à regarder la télé en plein air avec eux tandis que notre guide se repose.
lors, quatre mois plus tard sur une plage d’Afrique du Nord voulant vérifier si nous sommes toujours en confiance lorsque nous trottons dans le sable, nous avons réservé une heure de promenade. Notre beau projet, hélas, sera contrarié, car ici, à chaque cavalier est assigné un accompagnateur monté sur une bourrique. Grandeur et décadence, on passe de Lauwrence d’Arabie aux idioties de Nasr Eddin Hodja (1). Au point qu’on se promet de suivre un jour quelques cours, car finalement, lorsqu’on parcourt le monde, avoir des rudiments d’équitation, cela peut toujours servir.
ouristes avec quelques rudiments d’équitation, c’est exactement la manière dont nous nous présentons à Patrick, 8 ans plus tard sur l’île de NUKU HIVA.
Le choix de vivre aux Marquises s’accompagne souvent d’un projet original pour les Popa’a (étrangers blancs installés sur place).
Notre interlocuteur nous raconte qu’il a capturé 20 chevaux sauvages et qu’il a ouvert un manège, mais, pour les visiteurs de passage, il propose aussi des balades tranquilles vers un site archéologique à 3 h et demie de la ville principale.
Bien entendu, nous choisissons cette option.
Dès 8 h 30, les chevaux sellés s’abreuvent à la rivière proche, avant de grimper un chemin pavé de cailloux. La randonnée de 7 km jusqu’au site s’annonce peu aisée.
En route, notre homme rend visite à ses bêtes, qu’il laisse en liberté. Il nous explique que pour son troupeau il devrait disposer de 50 hectares, mais qu’ici les pâturages manquent.
Nous cheminons surtout en montée, parfois en descente, assez peu en zone dégagée. Parfois, on s’arrête à une source, humains et chevaux se désaltèrent.
Comme leurs petits camarades en Égypte, les quadrupèdes ont compris à qui ils avaient affaire. Il faut insister pour qu’ils gravissent une colline envahie par des buissons et nous manquons d’expérience pour les guider au mieux.
Quand un obstacle se présente, comme un arbre par exemple, nous préférons sauter à terre à chaque fois. Lorsque nous découvrons d’en haut la vallée de Taipivai, la vue est superbe.
Nous mettons pied à terre pour l’admirer, mais mes jambes ne répondent plus. Je suis restée en selle trop longtemps et il me faut un moment pour réapprendre à marcher. Eddy, qui s’en sort mieux, s’est avancé, à la demande de notre guide, dans un petit cours d’eau et a lâché la bride pour laisser boire son cheval.
Sauf que voilà, son animal en a profité pour secouer la tête et, le lien en cuir, pend maintenant sous l’encolure. Le prof, très mécontent, va devoir se mouiller jusqu’aux cuisses, car Chouchou, dans un bon mètre d’eau, est incapable de faire obéir sa monture. Dans les derniers kilomètres, je ne suis pas en reste :
voilà que le mien traîne maintenant une grande palme.
Je reçois l’ordre de partir au galop (hahâââââ) pour qu’il s’en débarrasse. Lorsque nous arrivons à Paeke, notre compagnon ne ménage pas sa peine pour dégager les Tikis envahis par la végétation.
Leur beauté dépasse ce que nous avons vu jusqu’à présent, mais il est bien difficile de leur rendre hommage tant le lieu est infesté de moustiques. J’ai lu, il y a peu, qu’aujourd’hui encore, ce site assez isolé n’est pas facile à entretenir.
e paepae, plus aéré, nous accueille pour le pique-nique et nous remettons les selles vers 14 h.
Tout ce que nous avons grimpé, il va falloir maintenant le descendre. Nous décidons de marcher un peu. Je sens poindre chez le gentil organisateur un léger agacement à nous voir aussi peu habiles. Afin, je suppose, de prendre du recul, il nous donne ses consignes pour continuer sans lui, sous prétexte d’aller voir quelques copains. Livrés à nous même sans risque de se perdre, l’ambiance se détend et nous poursuivons ainsi pendant 1 h 30 tantôt sur le cheval, tantôt en marchant à côté.
Lorsque nous sommes rejoints par notre chef d’équipée, je m’attendais à des félicitations pour avoir si bien avancé, mais il paraît que nous sommes juste « dans les temps ».
Bref, les techniques de Saint-Cyr mises en œuvre pour dompter les chevaux sauvages s’avèrent totalement inefficaces pour encourager les touristes en mal d’aventure. Cela achève Eddy, dont le corps n’était déjà plus qu’une chose molle qui se laissait conduire par une bête indolente. Pour mettre fin à ce supplice, il reprend les choses en mains et décide de marcher et de tirer son cheval. Enfin, la baie de TAIOHAE nous apparaît. Mais, si lointaine, que cela nous décourage.
Le silence est rompu par Patrick, qui propose un raccourci ! Cela ressemble à un petit torrent asséché. Je suis inquiète pour les chevaux, le chemin est glissant et tout l’art consiste à tirer l’animal tout en lui laissant le temps de choisir où poser les pattes.
Ce passage périlleux franchi, une énergie nouvelle, nous pousse pour monter en selle une dernière fois.
C’est avec un immense soulagement que je vois notre guide diriger enfin sa monture vers la rivière : nous sommes arrivés.
Débarrassés de la selle, les canassons se roulent dans le sable de plaisir, tandis que nous titubons jusqu’à notre bungalow.
Cette fois, la décision est prise, en rentrant à Bruxelles on prend des cours.
ustement, au boulot, un collègue cherche des candidats pour former un team cavaliers. On s’inscrit avec prudence à la leçon gratuite d’essai. Génial ! Dans une ambiance de franche camaraderie où tout le monde se connaît, à la fin du cours, nous achetons l’abonnement de 10 séances.
Cette expérience aura eu le mérite de confirmer que cette activité n’est pas faite pour nous.
La première rencontre n’a plus rien à voir avec le coup d’essai. Entre débutants au manège, on parle et l’on se file des tuyaux, dont celui d’éviter le terrible Brutus. Et devinez qui se voit assigner le charmant animal. Rien qu’à l’idée de rentrer dans son box, j’ai déjà envie de renoncer.
Premier jeudi, on commence par apprendre tout ce dont un cheval est capable : attention ! Celui-là, il mord. Et l’autre, il gonfle le ventre lorsqu’on serre la selle, après le cavalier aura beau serrer les genoux, il se retrouvera la tête en bas. Avec le petit roux, il vaut mieux tenir le rythme, car il rue chaque fois qu’un de ses congénères approche de trop près.
Il ne nous faut pas deux jeudis pour comprendre que si le prof ânonne A-VAN-CEZ ou AR-RE-TEZ c’est parce que les chevaux s’exécutent au son de sa voix et non grâce à notre technique. Ces leçons deviennent vite une corvée, mais on s’obstine.
Je ne m’étendrai pas pour vous décrire le 3e jeudi, car, justement, c’est ce jour-là que je me suis étendue de tout mon long dans la sciure du manège.
Sachez seulement que mon équilibre n’a pas résisté à l’exercice qui consiste à faire du « botte à botte » au trot sans les étriers. Vaillante, je suis remontée directement et j’y suis retournée la semaine suivante. J’ai bien fait, car c’est là que nous avons abordé le galop.
Les consignes sont d’avancer jusqu’au coin et de faire la longueur au galop un par un. J’avance dans la file avec ma monture, lorsqu’un ordre m’est adressé : « Madame, sur Brutus (eh oui, c’est de nouveau tombé sur moi) ! À votre tour, n’essayez pas de le retenir. Il partira avec celui de devant ». Vous me connaissez, je suis piquée au vif. J’ai rassemblé tout ce que j’avais de force dans les genoux et un maximum de poigne pour les rênes, mais Brutus a fait exactement ce qu’on attendait de lui et je n’ai rien pu faire que d’abandonner les cours d’équitation après 5 leçons.
ans se sont écoulés, nous sommes au Botswana. Je parcours la liste des activités proposées dans notre campement, tout en dégustant un vin rouge d’Afrique du Sud au bar. Nous adorons l’endroit. Pour moitié, la clientèle se compose d’habitués: des expatriés qui résident dans les environs.
Chaque soir, ils nous content des histoires de vie hors du commun. Hier, vers 16 h, trois cavalières accompagnées d’une meute de chiens sont arrivées sur leur monture pour prendre le thé. Quelle image ! Je me laisserais bien tenter par l’activité « promenade équestre ». J’en parle à Eddy. Il se débrouillait bien, lui, durant les leçons. Mais il prétexte un croquis à finir.
Helena et son mari administrent les lieux avec l’idée de procurer du travail aux communautés locales. Elle, possède son propre cheval et apaise toutes mes craintes. On ne fera que du pas pour visiter les alentours. À la dernière minute, Émilie, Franco-canadienne qui fait du volontariat dans la capitale, se joint à nous ainsi qu’un responsable des écuries. Cette promenade, où je suis entourée par 3 cavaliers chevronnés, est enchanteresse.
Notre guide, connue et appréciée par les villageois, nous assure un accueil chaleureux partout où nous passons.
Dès que l’on quitte les habitations, on se retrouve dans «Out of Africa» entre savane parsemée d’acacias et ruisseaux que nous passons à gué. Après avoir traversé une rivière, les filles trottinent sur la piste le long de la berge.
Portée par l’animal, je me rends compte que progresser ainsi dans de l’eau, qui arrive presque aux étriers, demande bien de l’adresse afin d’assurer chaque pas.
Je suis restée en arrière avec l’employé du manège. Dès que nous retrouvons la terre ferme, mon compagnon doit maîtriser sa bête, qui m’a l’air bien énervée.
Il me demande de passer devant et de rejoindre les autres. Je m’exécute, mais mon brave cheval, qui jusqu’ici s’était montré docile, prend peur et s’élance au galop vers les filles qui ont un peu d’avance.
Entre elles et moi je vois deux obstacles : une pompe à eau en travers de la piste et les branches d’un grand acacia dont les épines vont me défigurer dans deux secondes.
Je me couche sur l’encolure pour les éviter. Hasard du timing parfait, à cet instant, mon cheval prend son élan et saute au-dessus des tuyaux.
Il me demande de passer devant et de rejoindre les autres. Je m’exécute, mais mon brave cheval, qui jusqu’ici s’était montré docile, prend peur et s’élance au galop vers les filles qui ont un peu d’avance.
Je me couche sur l’encolure pour les éviter. Hasard du timing parfait, à cet instant, mon cheval prend son élan et saute au-dessus des tuyaux.
Tout content d’avoir retrouvé ses petits camarades, cette brave bête s’arrête d’elle-même, mais se prend une patte dans un fil de fer qui traînait là.
Il exécute donc quelques ruades pour s’en débarrasser. Je lui pardonne, car il a tout fait pour que je reste en selle.
Franchement, je n’en reviens pas, mes compagnons me félicitent, mais tout le mérite revient à ma monture. Je m’empresse de frotter le sang qui coule de quelques égratignures, d’autant plus qu’Helena me lance, à la plaisanterie, on dirait que tu as été attaquée par un léopard.
Au bar, le soir-même, c’est à mon tour d’alimenter les conversations. Désormais, dans les jours qui suivent chacun viendra me demander des nouvelles de «ma morsure de léopard».
(1) Nasr Eddin Hodja : « CLIC »
superbe ici et sur l’autre site, j’adore. Bonnes vacances si. Gros bisous du vieux sorcier
Ah ah ! Salut Honorius. Merci pour ton passage. J’ai justement pensé à toi lundi dernier car nous avons visité la Forteresse de Poilvache au-dessus de la ville de Dinant. Ce sont les ruines d’une fortification médiévale sur une falaise qui domine la Meuse.
Bonjour,
Je te contacte pour te signaler que Deborah, de VF, a ouvert un nouveau forum de voyage pour nous y retrouver dans une ambiance apaisée.
Si cela t’intéresse, c’est ici https://forumvoyage.forumactif.com/search?search_id=newposts
Au plaisir de te recroiser
Cordialement
Sissi57
Bonjour Sissi,
Merci pour l’info.